Les autres artistes sont-ils vos concurrents ?
Salut les artistes !
Je suis très heureuse de vous retrouver pour parler d’un sujet important pour moi qui est celui de la concurrence entre artistes.
Je sais que c'est un sujet sensible, peut-être même tabou et que chacun a son avis sur la question. Mais je vais dans cet épisode vous partager le mien ainsi que mes conseils.
Nous pouvons tout d’abord, revenir sur le terme de concurrence, qu’il est important de démystifier.
Instinctivement et dans l’inconscient collectif, quand nous pensons concurrence, notamment dans le monde de l’art, de la peur et de la méfiance apparaissent. Ce terme a une connotation très péjorative dans ce milieu tandis qu’en réalité, la concurrence c’est normal et c’est sain dans un marché.
Dans le marché de l’art, il faut être à l’aise avec le fait qu’il y ait d’autres acteurs qui évoluent et gravitent dans le même milieu que vous et ce n’est pas un souci.
Par ailleurs, concurrence, ça rime avec Miss France chez les gens. Il y a cette idée « d’elle va prendre ma place ! Il faut que j’aie la place de la numéro une ! ». Et de facto, un climat malsain, qu'il faut, à mon sens, repousser, peut s’installer.
La concurrence, ce n'est pas cela. La concurrence, c’est accepter que d'autres artistes que vous peuvent faire des choses identiques ou parfois similaires. Qu’ils susciteront le même intérêt chez des collectionneurs et c'est parfaitement normal.
Cette introduction était pour moi importante à faire afin que vous compreniez mieux le reste de l’épisode.
Je vais maintenant répondre à la question suivante : les autres artistes sont-ils vos concurrents ?
Non, dans le sens où ce ne sont pas des personnes qui vous sont hostiles. Les autres artistes ne sont pas vos concurrents. Vous pouvez développer avec des artistes qui sont sur le même marché que vous des amitiés et des connexions.
C'est très intéressant et enrichissant de pouvoir côtoyer d'autres artistes et se nourrir les uns des autres.
Sur le plan technique, par exemple, ou plus largement dans le partage de connaissances. L’histoire de l’art le démontre, les artistes se sont rassemblés plusieurs fois en collectif pour partager et échanger.
C'est sain de côtoyer d'autres artistes et de les envisager aussi comme des partenaires. Par exemple, si on fait une analogie avec le monde du sport, dans lequel il y a beaucoup de compétition, il n'est pas rare de voir que les compétiteurs se connaissent. Il arrive même parfois qu’ils s’entraînent ensemble.
Pourquoi cette dynamique ne pourrait-elle aussi être mise en place dans le monde de l’art ?
Il faut lutter contre ce réflexe qui nous pousse à dire non et qui nous amène, par exemple, à dire « non, je ne montre pas mon travail, je le cache, parce que mes concurrents pourraient prendre mes idées, on pourrait me voler ma place ».
Vous pouvez vous nourrir de ces échanges avec d’autres artistes qui peuvent même, dans certains cas, mener à des projets d’expositions collectives, par exemple.
Être seul quand on est artiste, ça peut être assez complexe et ça peut parfois demander un travail considérable. Alors que si l’on travaille en groupe, on peut plus aisément se répartir le travail et unir ses forces.
Il sera également possible de croiser vos différents réseaux, ce qui pourrait générer des externalités positives. Vous devez voir la force du groupe comme un cercle vertueux dans lequel vous pouvez vous investir.
Toutefois, attention à ne pas prendre cette vision de la concurrence comme quelque chose de trop négatif et d’avoir par la suite peur de rester seul.
Maintenant, je vais dans une seconde partie de réponse vous expliquer absolument l’opposé.
À présent, vous avez bien saisi le fait qu’un concurrent, ce n'est pas nécessairement un adversaire. Au contraire, vous avez à gagner à côtoyer les autres artistes que vous pensez être vos concurrents, parce que de belles amitiés peuvent naître et tout ceci peut vous apporter des opportunités.
C'est important pour moi de mettre un point de vigilance sur le fait que certains artistes restent tout de même des concurrents. Il y a des personnes qui sont opportunistes comme dans tout marché et le marché de l’art n’est pas épargné. Vous pouvez aussi croiser des artistes qui ont envie de profiter d'une aura, d'une notoriété et d'une opportunité que vous pouvez avoir.
Plusieurs scénarios sont possibles, mais je voudrais vous parler de ce point de vigilance à avoir, parce qu’il ne faut pas vivre dans un monde idyllique et se dire que dans le monde de l'art, comme c’est une sphère sensible, poétique, la solidarité existe nécessairement. Nous pouvons ouvrir notre cœur, nos bras et délivrer trop d'informations par générosité, naïveté et parfois se sentir utilisé.
Il faut se rappeler que vous êtes dans un marché, que dans certaines situations, dans certains contextes, il n'y a malheureusement pas de place pour tout le monde. Un appel d’offres ou mise en concurrence, par exemple.
Lorsque vous êtes en situation de concurrence dans le sens premier du terme, il faut être vigilant quitte à parfois être confidentiel. Ce n'est pas parce que vous côtoyez ou vous fréquentez les mêmes lieux, sphères, soirées que d'autres artistes que trop se livrer peut vous desservir.
Ne donnez simplement pas trop d'informations que vous jugez comme capitales. Ne révélez pas vos secrets, même si vous pensez être proche. Gardez des limites, une frontière dans le monde professionnel, c’est important.
Selon moi, il ne faut pas mélanger des sentiments amicaux, des accointances avec ce qui est de l'ordre du professionnel. Quand vous avez des projets, vous avez un comportement à garder.
Par exemple, quand vous savez que vos concurrents sont positionnés sur des projets similaires au vôtre, il est dans votre intérêt de garder des informations pour vous. Vous allez parfois vous éloigner de certaines personnes et c'est parfaitement normal, il ne faut pas vous en vouloir.
Dans certains cas, vous allez sentir qu’il est nécessaire de faire un pas en arrière, qu’il faut remettre des barrières pour protéger votre terrain, parce que c'est important de garder des limites.
Vous pouvez aussi vous protéger en écrivant noir sur blanc ce que vous attendez l'un de l'autre, par exemple quand il s'agit d'une co-création, pour qu’il n’y ait aucun malentendu.
Je vous invite aussi, si besoin, à faire une charte de partenariat ou même un contrat. Si vous voulez vraiment faire ça de façon extrêmement sérieuse. Je peux vous aider si besoin à relire ce contrat ou vous pouvez passer par un cabinet d’avocat spécialisé dans le monde de l’art afin de vous assurer que rien n’est caduc.
Ce type de mesure, ça permet de vous protéger sur la partie légale, ça permet de garder la mainmise sur vos droits. Ça permettra aussi de pallier d'éventuels problèmes et c'est important sans nécessairement prendre de mesure de parler de ça.
Même si je sais combien ça peut être compliqué, il y a cette force qui peut nous paralyser et ça fait peur. Et face à de la concurrence qu’on pourrait percevoir comme hostile, le réflexe pourrait être de se bloquer, de se fermer et par conséquence de se retrouver isolé. Avec ce comportement, il n'y a pas de cercle vertueux qui se met en place.
Mais il faut avoir un équilibre avec la force opposée, qui nous donne l’impression que les gens sont tous bienveillants dans le monde de l’art. Parce que c’est un monde sensible et poétique, il n’y a aucun risque et c’est une forme de naïveté.
Je n’aime pas vraiment le mot naïveté, parce que ce terme nous fait penser à une personne qui pourrait manquer d’intelligence. Mais ce n’est pas nécessairement le cas. La naïveté, c'est l’action de croire que tout va bien se passer, ça provient d’une émotion pure.
Puis, dans le monde de l’art, il y a parfois des gens qui ont envie d'être malveillants comme c’est le cas dans tous les autres milieux. Le monde de l’art n’est pas épargné et les personnes opportunistes, ça existe partout.
C'est important de le savoir et c'est important de s’écouter quand on est en contact avec des artistes qui peuvent être des concurrents. C'est important de trouver un équilibre entre ces deux forces.
La force qui nous fait croire que les concurrents sont trop hostiles et la force qui nous fait croire que l’on ne risque rien. Il y a évidemment une balance, un équilibre à trouver et je pense que c’est essentiel pour le bien-être des artistes.
Il est important que vous vous écoutiez. Vous allez sentir parfois des signaux d'alerte avec votre intuition et c’est important d’y prêter attention. Puis surtout, n'hésitez pas à en parler. N’hésitez pas à poser la question.
Si vous êtes affecté par la situation, si vous êtes un peu mal à l’aise par rapport à quelque chose qui a été dit ou qui vous a été répété et que le rapport avec la personne concernée est peut-être un petit peu flou, dans ce cas, n'hésitez pas à en parler avec sérénité et politesse.
Une conversation, ça peut parfois permettre de démêler des interprétations que l’on peut se faire sans réel fondement. Si la personne face à vous est un peu désarmée et se confond en excuses en disant : « ah bah, non, je pensais pas du tout ».
Faire passer ce message alors que c'est un quiproquo qui s’est instauré, ça peut vous rassurer. Vous allez vous détendre et pouvoir reprendre confiance.
Alors que si vous avez en face quelqu'un qui est un peu sur la défensive ou alors qui a l'impression d'être démasqué et qui n’est pas très à l’aise. Vous saurez que cette personne n’est pas fiable et qu’il faudra prendre ses distances.
Mon conseil serait d'accueillir les autres artistes pour que vous puissiez être dans un cercle vertueux ensemble. Il ne faut pas vous fermer des autres artistes qui seraient vos concurrents. C'est normal d'avoir des concurrents quand on est dans un marché.
En revanche, je vous recommande d'être attentif et de vous éloigner quand vous sentez parfois que l'opportunisme est présent. C'est très important aussi de vous poser des limites afin de vous préserver et de protéger votre travail. Parce que c’est aussi ça être très professionnel.
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À très bientôt !